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26 avril 2011 | Égypte

Égypte : Les Frères Musulmans parlent déjà des sanctions physiques divines [Hudud]

Une polémique grandissante dans la presse égyptienne que les médias français n’osent évoquer…afin de ne pas déstabiliser Alain Juppé qui noue un dialogue apaisé avec les Frères Musulmans ? (« Je crois qu’il y a parmi eux des sensibilités diverses, des gens qui sont sincèrement acquis à l’idée de progrès et de liberté » Alain Juppé 19.04.11 )

Titre original : Panic in Egypt over Muslim Brotherhood’s call for Islamic rule

par Mohammed Hassan Shabaan dans Asharq Al-Awsat du 20.04 (traduction Observatoire de l’islamisation)

Dr Izzat a rejeté l’idée que les Frères musulmans poursuivent actuellement la mise en place d’une règle islamique en Égypte, et l’application des peines corporelles de la charia . Dans des déclarations exclusives à Asharq Al-Awsat Izzat il affirme : « La mise en œuvre des peines est considéré comme le couronnement et l’achèvement des questions fondamentales, dont la plus importante est l’accomplissement des exigences et des besoins de la population. » Izzat explique: « Avant de parler de la mise en œuvre des peines, nous devons poursuivre la réalisation des exigences de base de la population en la soutenant. Ces questions exigent un travail, des efforts et du temps ce n’est aussi simple que cela.« 

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Izzat souligne que « ces peines font partie de l’Islam, et nous ne pouvons pas le nier. Cependant, comment peut-on punir quelqu’un qui s’est mal comporter sans lui avoir préparé un environnement approprié à la justesse de ces décisions ? » Il souligne qu’il existe de nombreux problèmes sociaux urgents et que les priorités des Frères musulmans sont les questions concernant le redressement de la nation. Le mouvement des Frères musulmans n’est pas préoccupé par cette polémique [ sur l’application de la peine] aujourd’hui, et estime qu’il ne doit pas être une priorité

Les déclarations du vice-président des Frères Musulmans, Izzat Mahmoud, au sujet de la mise en œuvre de la charia islamique et des punitions divines en Égypte ont suscité de fortes craintes parmi les partis politiques libéraux et de gauche. Ils considèrent qu’il s’agit d’une position divisant le consensus national et une violation par les Frères musulmans de leurs déclarations publiques ainsi qu’ une prise de position allant à l’encontre de leurs engagements envers l’état.

Des déclarations d’un certain nombre de membres des Frères musulmans de premier plan ont révélé que le groupe poursuit la mise en place d’un système de gouvernance islamique, et l’application des peines prévues par la charia.

Le journal Al-Misri Al-Yawm a rapporté les déclarations de Saad al-Husseini, membre du Bureau d’orientation des Frères musulmans, lors d’un rassemblement populaire organisé par le groupe de Bulaq district dans lequel il dit: « Aujourd’hui, Nous aimerions diriger la société pour instaurer une identité islamique préparant l’avènement de la Loi islamique. » Le journal a également indiqué que le Dr Mahmoud Izzat, vice-président du mouvement, a souligné: « L’application des peines de la charia islamique viendra après s’être accaparé le terrain. Les peines devront s’appliquer après que l’islam entre dans les mœurs, dans la morale et les relations sociales.  »

Dr Izzat a cependant nié ces propos rapportés par le journal. Dans un communiqué, il déclare « Ces mots sont de purs mensonges, mensonges et tromperie. » et prétend que ses propos ont été les suivants (note de l’Observatoire : des termes pourtant très proches) « Les punitions islamiques [en arabe: Hudud; signifiant aussi frontières] sont liées à l’existence d’un territoire englobant la société, la morale et les relations humaines. » Izzat souligne: « Les membres des Frères musulmans, sont convaincus que l’application des peines islamiques relève de la responsabilité du pouvoir exécutif et de l’État, et de personne d’autre.« 

Selon Izzat « L’Islam lui-même a établi des mesures spécifiques préalables afin que nous puissions atteindre l’application de ces peines. Nous sommes très loin de ces pré-requis » « les conditions de préparation et de réalisation de ce projet nécessitent une longue période d’étapes graduelles, qui peut prendre des années. Izzat considère que les bruits médiatiques visent à détourner l’opinion publique de la principale préoccupation qu’est la construction de l’État. »

Commentant les déclarations Izzat, George Ishaq (note: Chrétien) activiste politique et membre dirigeant de la Société nationale pour le changement, dont les Frères musulmans sont un des piliers, a dit: « Ce sont des propos graves. Chaque fois que nous essayons de rassurer l’opinion publique sur la volonté d’adhésion des Frères musulmans au mouvement civil, nous sommes choqués par telle ou telle déclarations. »

Ishaq, ancien coordinateur général du Mouvement Kifayah poursuit: « En tant que groupe national, nous traversons une phase délicate et critique, et il ne convient pas d’entendre de tels propos des Frères musulmans. Ils doivent présenter un éclaircissement immédiatement. De tels propos menacent la permanence des Frères Musulmans dans Société nationale pour le changement. Un tel positionnement représente une perte pour les deux parties. »

(…)

Le militant politique Dr Omar al-Hamzawi a commenté: « Cette position n’est pas compatible avec la prise de position publique du groupe des Frères musulmans, à savoir qu’elle poursuit la mise en place d’un « état civil », même en cas de contrôle de l’autorité religieuse. Ceci montre l’existence au sein du groupe d’une discorde. »

Al-Hamzawi considère cette position comme extrêmement grave, portant la dissidence de l’unanimité nationale, qui prévoit la création de droits civils respectueux de la citoyenneté et sans discriminations.

Al-Hamzawi considère qu’un tel discours divise l’esprit de la révolution égyptienne, qui a porté les slogans de la liberté et de la démocratie, et nous n’avons pas entendu dire qu’une des exigences de la Révolution fut la mise en œuvre de la charia islamique. (…)

Shurdi Mustafa Muhammad, porte-parole du parti Al-Wafd, déclare également préoccupé par ces déclarations que : « Nous ne devrions pas parler de choses qui font peur au peuple. » Il souligne: « La chose importante à ce stade est de faire ressortir le visage politique de l’Égypte d’abord, et il n’y a pas d’objection à la mise en œuvre de l’esprit de la charia islamique vu à travers une vision moderne. » (sic)

Article intégral en anglais ici