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La Mosquée de Paris impulse une alliance d’imâms européens : deux profils inquiétants

Le même jour que l’attaque massive des Frères Musulmans du Hamas en Israel, le samedi 7 octobre dernier, s’est tenu à la Grande mosquée de Paris un évènement important pour l’islam européen. il s’agit du  lancement de l’Alliance des Mosquées, Associations et Leaders Musulmans en Europe (AMMALE), regroupant les dirigeants des principales mosquées européennes dont Rome, Madrid, Hambourg, Stockholm, dix-sept au total. Deux invités retiennent l’attention, l’ex grand mufti de Bosnie , Mustafa Seric (ci-contre), étant membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR), organe des Frères Musulmans, et le directeur de la mosquée de Madrid, Hussam Siddiq Khoja, institution salafiste appartenant à la Ligue islamique mondiale de l’Arabie Saoudite. Nous n’avons pas réussi à identifier tous les participants sur les photos car la liste n’a pas été publiée.

  • Mustafa Seric (ou Ceric) est l’ancien grand mufti de Bosnie. Il est membre de deux organisations gérées par les Frères Musulmans. D’une part le Conseil européen de la Fatwa et de la recherche, que présidait jusqu’à sa mort Youssef Al-Qaradawi, chef spirituel des Frères qui a toujours soutenu le Hamas, et vu la Shoa comme un « châtiment divin », appelé à tuer apostats et homosexuels etc. (lire notre portrait). D’autre part Seric est membre de l’organisation « Radical Middle Way » basée au Royaume-Uni, composée essentiellement de Frères Musulmans. On lira l’étude du Strategic Studies institute consacrée à l’islamisme en Bosnie. On y apprend que Mustafa Seric veut implanter la charia en Bosnie, et qu’il a toujours refusé de condamner le wahhabisme saoudien. Aussi, Ceric a participé à un voyage à Gaza en 2012 avec l’Union des Savants Musulmans (UISM) , autre organe des Frères Musulmans, confrérie représentée à Gaza par le Hamas. Youssef Al Qaradawi menait la délégation. Voir un portrait de Mustafa Ceric ici. Sur son compte twitter, il a adressé plusieurs messages de soutien à Tayeb Erdogan, le président islamiste turc qui parraine les Frères Musulmans. Ce qui rend la présence de Mustafa Seric nauséabonde en ce samedi noir pour les juifs, c’est que lors d’un congrès du Conseil européen de la Fatwa dont il est membre, en 2003 à Stockholm, son président Al-Qaradawi avait défendu les opérations suicides des djihadistes « même s’il se trouve des civils parmi les victimes ». Trois ans plus tard Qaradawi avait enfoncé le clou sur Qatar TV, le 25 février 2006, en déclarant que « les opérations martyres sont autorisées », au sujet des pratiques du Hamas qui avait déjà un lourd passif avec notamment l’attaque de la discothèque Le Dolphinarium en 2001 à Tel Aviv ayant causé la mort de 21 civils.  Cela n’a pas empêché Mustafa Seric de continuer à travailler avec le CEFR et l’UISM ! 

  • Hussam Siddiq Khosa (photo prise samedi à Paris), directeur de la grande mosquée de Madrid de la Ligue islamique mondiale, représentant par la même occasion l’institution saoudienne en Espagne. Ce saoudien gère aussi la mosquée de Malaga ayant également un minaret. Il est notamment grassement payé par l’institution qui répand la doctrine wahhabite à travers le monde pour traduire les communiqués de la Ligue en espagnol. La Grande mosquée de Madrid ou « centre islamique » a défrayé la chronique à deux reprises dans la presse espagnole. La brigade djihadiste Al Andalous de l’Etat islamique s’organisait à la cafétéria de la grande mosquée en 2015, voir notre archive. Plus récemment en juin 2021 le quotidien El Pais nous apprenait que « Le principal représentant de l’islam en Espagne, Aiman ​​Adlbi, recommande à ses élèves de la Mosquée centrale de Madrid des livres de prédicateurs radicaux salafistes et wahhabites. Il s’agit de courants utilisés par les groupes djihadistes « pour justifier leurs actions », selon un rapport de la Police nationale de mars dernier auquel EL PAÍS a eu accès. » Lire l’article intégral. Plus loin on lit : « Un rapport inédit intégré à cette enquête judiciaire révèle également comment une organisation à laquelle appartenait le président de la Commission Islamique d’Espagne (Aiman ​​Adlbi) a levé 154 393 euros entre 2012 et 2020 pour l’activité des milices d’Al-Qaïda en Syrie à partir de la mosquée centrale de Madrid, également connue sous le nom de d’Abu Bakr. »

Et ce n’est pas tout concernant la plus grande mosquée d’Espagne : « Le trésorier de la CIE et de la mosquée centrale de Madrid, le Syrien Mohamed Hatem Rohaibani, 61 ans, est une autre des pièces maîtresses présumées de l’organisation de financement djihadiste. » Lire l’article

La compatibilité de la Grande mosquée de Paris -fédération qui gère 700 mosquées en France- avec les Frères Musulmans, va en s’accentuant au fil des ans. Déjà, du temps de sa présidence par Dalil Boubakeur, celui-ci allait au congrès de l’UOIF afin d’exprimer ses « convergences » avec ces islamistes représentant les Frères dans l’hexagone. Lors de l’édition 2005 du congrès, Dalil Boubakeur répondait à un journaliste sur la question de ses éventuelles divergences avec l’UOIF (Frères Musulmans) : « Nos convergences sont trop fortes (…) nos objectifs sont tous convergents, seules nos méthodes peuvent différer » (voir notre archive).

Dans un entretien avec le site Oumma.com en juillet 2012, Dalil Boubakeur prit la défense de l’UOIF quand six de ses conférenciers, des cheikhs saoudiens et égyptiens laudateurs du Hamas, furent interdits de séjour pour de nombreux appels au meurtre :

« Oumma.com: Faut-il comprendre que vous allez vous rapprocher de l’UOIF ?

D. Boubakeur: Je me rapproche de ceux qui travaillent. Le fait que l’UOIF a été la première composante à quitter le CFCM, à exprimer son désaccord, pour d’autres raisons que les nôtres, nous rapproche indéniablement. L’UOIF compte des cheikhs internationaux en son sein, je ne jette pas la pierre comme cela a été fait durant le congrès du Bourget, même si cela fait peur à une certaine presse ou à la classe politique, je n’ai rien vu d’illégal à cela.(…) L’UOIF est composé de musulmans très rigoureux pour lesquels j’éprouve respect et fraternité »

En 2018, Dalil Boubakeur vola au secours de l’imâm Tatai de Toulouse qui prononça des prêches louant le jihâd physique, le califat, la suprématie des musulmans, et une bataille finale qui verra les musulmans tuer les juifs selon le dessein d’Allah. Boubakeur fit un communiqué de soutien !

Plus récemment en novembre 2021 le nouveau recteur Chems Eddine Hafiz est allé à l’école d’imams des Frères Musulmans , l’IESH. 

Dans son Guide de l’étudiant pour apprentis imâms, la Grande Mosquée de Paris (via son institut de formation) cite en référence bibliographique le cheikh Yusuf al Qaradawi proche du Hamas et pro hitlérien (« la Shoa est un châtiment divin » ) et un manuel de charia (Risâla de Qaraywani) appelant à tuer ceux qui insultent le « prophète » et les homosexuels. Et ce n’est pas tout, la spécialiste Lina Murr Nehmé a repéré dans la version arabe du guide de l’étudiant de la GMP, un autre Frère Musulman cité en référence, Wahbat As Zouhayli.

Enfin, en novembre 2021, la Grande Mosquée de Paris organisa un concours de mémorisation des « 40 hadith » du jurisconsulte Nawawi (1233-1277), un recueil incontournable chez les sunnites de toute tendance, vendu en Fnac et dans toutes les librairies musulmanes. Il est question du « combat jusqu’à ce que les hommes ne reconnaissent qu’Allah » et de la peine de mort pour les apostats. Voir notre article sur ce sujet.

Observatoire de l’islamisation, 9 octobre 2023.