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24 décembre 2011 | Égypte

Égypte : les salafistes à 29% lors de la deuxième phase des législatives !

AFP 24.12 :

Ils sont les grands vainqueurs des urnes. En Égypte, les principaux partis islamistes ont confirmé leur domination en remportant plus de 65% des voix lors de la deuxième phase des élections législatives organisée entre le 14 et le 22 décembre, a annoncé samedi la commission électorale.

Le Parti liberté et justice, issu des Frères musulmans, a remporté 36,5% des voix et les salafistes d’Al-Nour 28,7% lors du scrutin organisé dans un tiers des 27 gouvernorats du pays, notamment Suez, Assouan et Guizeh.

Lors de la première phase du vote fin novembre/début décembre, qui avait concerné notamment Le Caire, Alexandrie ou Louxor,le PLJ avait déjà raflé 36% des voix, tandis qu’Al-Nour avait réalisé une percée surprise avec 24%.

Troisième phase le 3 janvier

Comme lors de la première phase, les libéraux sont les grands perdants de ce scrutin. Le parti Al-Wafd, le plus ancien du pays, doit se contenter de 9,6% des voix, et le Bloc égyptien, la principale coalition libérale, de 7%.

La troisième phase du scrutin pour élire les députés, dans le dernier tiers des gouvernorats, doit débuter le 3 janvier. Une fois l’assemblée élue, un nouveau cycle de trois phases similaires étalées jusqu’en mars permettra de désigner les membres de la Choura (chambre haute consultative).

Eclairage de l’Observatoire : Le Salafisme, un islam déviant, marginal et non représentatif ?

Le professeur de droit Yadh Ben Achour (Université de Tunis), spécialiste de l’islam politique, nous éclaire dans son ouvrage La deuxième Fâtiha, l’islam et la pensée des droits de l’homme paru aux Presses universitaires de France, 2011 :

« L’erreur serait de supposer que ce salafiste est un pauvre égaré dans l’histoire de l’islam. Cessons de croire à la théorie de l’aberration qui veut que le salafiste ne représente pas l’islam ou que c’est l’enfant maudit de la famille. Il faut rappeler que ce dernier ne manque ni de cohérence, ni de force de conviction et de persuasion. Derrière lui, pour le soutenir, se profilent les armées du savoir religieux, avec des chefs remarquables: les ‘Ash’arî, Shâf’i (lire ses textes), ‘ibn Hanbal, Bâqillânî, Ghazâlî (note de l’Obs-i: loué par BHL), ‘ibn ‘Asâkir,Subkî, Fakh a-dine a-Râzi (loué par BHL aussi), ‘ibn Taimiyya. Derrière lui, une tradition triomphant à travers les siècles de tous les adversaires, hérétiques, libres penseurs, poètes maudits, philosophes. Devant lui, sous sa bannière, sur tout l’espace de la planète, des peuples entiers se mobilisent pour la défense et l’intégrité de leur religion. Des États et des gouvernements se mobilisent pour le servir. La sainte alliance n’a jamais disposé d’autant de force »

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« La version intégriste représente une interprétation possible du texte fondateur lui-même ainsi que de son expression dans l’histoire. Ce point de vue serait même le plus proche de la vérité du texte. Mais le plus important est de garder à l’esprit qes entre les salafistes et les autres sont plus apparentes que réelles. C’est précisément de là que prvient le malentendu le plus grave. Il convient, par conséquent, de rappeler l’existence d’accords fondamentaux, avec des divergences sur la seule action politique, entre cet islam intégriste et l’islam « de tout le monde ». Sur le fond, les deux islams se retrouvent : la cité terrestre doit préparer la cité céleste, la parole incréee de Dieu définit les droits de Dieu et ceux des hommes, pour la restauration de l’ordre divin et naturel le musulman est tenu par un « devoir de violence », qu’on ne peut nommer autrement et qui se manifeste notamment par la loi pénale (hudûd) et la théorie du djihâd. L’existence entière s’articule autour du culte et des prières qui rythment la vie, mais également autour des règles détaillées sur le licite et l’illicite moral et juridique. Le poid des anciens, salaf, pèse également sur les uns et les autres. »

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