Extrait du texte intitulé La Tragédie Algérienne écrit par Raymond Aron le 6 mai 1957, inclu dans les Mémoires du philosophe libéral parues en 1983:
» L’Algérie , bien qu’elle n’ait pas la même tradition nationale que les deux ex-protectorats [Tunisie et
Maroc], ne peut pas ne pas prendre la conscience d’elle-même…Elle ne peut plus être partie intégrante de la France. La constitution d’une unité politique algérienne est inévitable…L’intégration, quelque sens que l’on donne à ce mot, n’est plus praticable. Une représentation algérienne à l’Assemblée nationale, proportionelle à la population, est le moyen le plus sûr d’achever la ruine du régime. Le taux de croissance démographique est trop différent des deux côtés de la Méditérannée pour que ces deux peuples, de race et de religion différentes, puissent être fraction d’une même communauté »
(…)
Les êtres humains sont égaux sous le regard de Dieu. Ils ne sont pas égaux en potentiel physique ou intellectuel. Réduire la natalité en Occident, ce n’est pas apporter une contribution à la lutte contre la surpopulation, c’est au contraire aggraver la crise. La baisse de la population en Europe et aux Etats-Unis ne libérerait pas la nourriture pour ceux qui ont faim, en Afrique ou en Asie du Sud. Elle réduirait le nombre des producteurs efficaces, elle risquerait de stéréliser les peuples riches qui sont aussi les innovateurs, les pionniers de la science et de la technique, l’élite qui pour le moment, peut-être par accident, entraîne l’humanité entière et peut atténuer les souffrances des masses déshéritées » page 665