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« Le djihad est indispensable à la prédication » écrivait Qutb, théoricien des Frères Musulmans

Son nom n’était connu que des spécialistes avant la médiatisation des Frères Musulmans subséquente aux révolutions arabes (voir cet excellent documentaire). Sayyed Qutb (1906-1966) nommé dès 1951 responsable de la Section de propagande (dawa‘) des Frères Musulmans, membre du Bureau de l’orientation (irshâd) puis membre du Comité exécutif de la confrérie auprès du Guide suprême de l’époque Al-Hudaybi (guide de 1951 à 1973). Dès 1954 il dirige La Revue des Frères Musulmans, l’hebdomadaire officiel de la confrérie, ce pendant dix ans entrecoupés de périodes d’interdiction de publication par le régime de Nasser.

En 1953 il représente les Frères au Congrès général islamique de Jérusalem aux côtés d’un certain Saïd Ramadan, père chéri de Tariq et Hani…

Ses ouvrages sont disponibles dans les plus grandes librairies musulmanes de Paris, alignées rue Jean-Pierre Timbaud (voir). On orientera vers les biographies qui lui sont consacrées ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur les détails de la vie de celui qui fut pendu par Nasser en 1966, lui consacrant son statut impérissable de martyr (shahîd), en faisant un mythe chez les islamistes.

Le Monde, dans son édition du 21/08, souligne que le nouveau Guide suprême Mahmoud Ezzat, nommé suite à l’embastillement de Mohamed Badie, est un fervent dévot de la pensée de Qutb. 

L’ouvrage phare de la pensée de Qutb – sacralisant l’ultra violence au nom d’Allah – s’intitule À l’ombre du Coran (Fî zilâl al-qur’ân). Il est largement diffusé en France, étant donné que la branche informelle des Frères Musulmans dans l’hexagone, l’UOIF, s’est vue livrer les clés des plus grandes mosquées françaises grâce à la reconnaissance de Nicolas Sarkozy en tant qu’interlocuteur au sein du CFCM (« l’islam plus épicé a toute sa place à la table de la république » affirma Sarkozy à l’Académie des sciences morales et politiques en 2005) puis aux aides matérielles des maires UMP et PS (voir notre dossier). Les Grandes mosquées de Nantes, Mulhouse, Lille, Poitiers, Caen-Hérouville, et bientôt Bordeaux à cause de l’islamophilie de Juppé, parmi 400 salles de prières plus modestes, font partie de cette fédération. L’UOIF fait venir les chefs de la confrérie islamiste en stars à ses congrès depuis vingt ans, et son président Ahmed Jaballah est allé visiter Mohamed Morsi en Égypte le 3 janvier dernier (source agence QNA).

Il est nécessaire de citer longuement Sayyed Qutb afin de mettre en évidence la nature violente, totalitaire, expansionniste, exclusiviste et frontalement anti-chrétienne de la pensée des Frères Musulmans (ikwans) qui se répand jusque dans les librairies islamiques de Paris. Voilà deux extraits tirés du livre À l’ombre du Coran

« Jihâd par l’épée, défense de l’humanité, (cf chapitres VII, X et aussi chapitre II, Introduction à Coran 8)
[1435,27] Si l’on comprend la nature de la religion, on comprend en même temps la nécessité de l’activisme de l’Islam sous la forme de la guerre armée outre le combat de prédication. On comprend aussi qu’il ne s’agit pas d’un activisme défensif au sens étroit du terme actuel de la « guerre défensive » , comme certains le prétendent sous l’influence des circonstances présentes et par souci apologétique à l’adresse des orientalistes en réponse à leurs attaques sournoises au sujet du jihâd. Non, il s’agit d’un activisme expansionniste par principe, visant à libérer l’humanité. Disons donc: « guerre de défense » [1436,1] de l’homme en tant que tel contre tout ce qui nuit à sa liberté et empêche sa libération, à savoir des croyances, des conceptions, des systèmes politiques fondées sur des barrières économiques, de classe ou raciales. Tout cela prédominait dans le monde quant commença l’Islam et prédomine de nos jours dans le paganisme contemporain. Selon ce sens large du mot « défense », nous pouvons exprimer nettement la nature réelle des motifs qui poussent l’Islam à se répandre par la guerre à travers le monde. Ce sont la proclamation de la libération des hommes de leur esclavages à des hommes, l’affirmation de la divinité de Dieu seul et de sa seigneurie universelle, la destruction des pouvoirs humains arbitraires sur la terre, l’instauration du pouvoir de la Loi divine sur le monde des hommes. On essaie souvent de trouver les justifications à la guerre islamique dans le mot « guerre défensive » au sens restreint et d’adopter l’idée que le jihâd islamique était le simple barrage à l’offensive des forces voisines de la patrie musulmane – qui, selon certains, coïncidait avec la péninsule arabique. Piètre compréhension de la nature de cette religion et de son rôle dans le monde, et piètre défait en devant la situation présente et l’attaque subtile des orientalistes contre le jihâd islamique!

Est-il imaginable, qu’Abou Bakr, Omar, Othman [ les premiers califes ], même sans menace byzantine ou perse contre la péninsule arabique, se seraient abstenus de répandre l’Islam jusqu’au bout du monde? Comment l’auraient-il pu alors que la prédication du message se heurtait aux obstacles matériels qu’étaient les systèmes politiques, les systèmes de classe et de race, les systèmes économiques fondés sur des considérations de classe et de race, le tout protégé par la puissance matérielle de l’État ? C’est naïf de croire qu’on peut annoncer la libération de l’homme, de l’espèce humaine, sur toute la terre, en se contentant de prêcher et d’enseigner en face de tous ces obstacles. On ne prêche et enseigne que quand la voie est libre pour prêcher à des auditeurs libérés de toutes ces influences. Alors oui « Pas de contrainte en religion ». Mais aussi longtemps que ces influences et obstacles matériels étaient là, il fallait bien commencer par déblayer le terrain par la force afin de s’adresser ensuite à des esprits et des cœurs libérés de ces chaînes. Le jihâd est indispensable à la prédication, puisque celle-ci vise à proclamer très sérieusement la libération de l’homme dans tous ses aspects, sans se contenter d’un enseignement philosophique et théorique passif. »

Deuxième extrait de À l’ombre du Coran de Sayyed Qutb :

« Jihâd islamique et liberté de croyance: orientalistes et penseurs défaitistes (cf. chapitres II, IV, VII, VIII, X), Introduction à Coran 8
[1441, ligne7] Ceux qui justifient le jihâd islamique en y voyant la défense de la « patrie musulmane » réduisent considérablement le système islamique…Tel n’est pas le point de vue de l’Islam en la matière. Il s’agit là d’une perception à la mode dans la conscience musulmane. Le territoire comme tel n’a pas une si grande importance. La seule valeur de la terre dans la conception musulmane, c’est si la souveraineté et l’autorité de Dieu s’y exercent. Le lieu où la foi est née et où le système divin a pris le premier effet est le territoire de l’Islam (dâr al-islâm), le point de départ du mouvement de libération de l’homme. Bien sûr, protéger le territoire de l’Islam c’est protéger de système de société qu’il régit, mais le but ultime du jihâd n’est nullement la protection d’un territoire. Il est bien plutôt le moyen d’instaurer le royaume de Dieu au sein du territoire et ensuite, à partir de cette base, de se déplacer dans le monde entier, le genre humain tout entier. (…) L’islam est tel qu’il ne peut exister sans avancer, afin de sauver l’homme de l’esclavage à d’autres qu’à Allah. Il ne peut s’arrêter à telles ou telles frontières géographiques (…). Les camps ennemis peuvent très bien choisir de rester sans attaquer l’Islam (…) mais l’islam ne peut pas être en trêve réelle avec eux, tant qu’ils n’auront pas déclaré leur capitulation en payant la capitation pour garantir la libre prédication (islamique) sans plus aucune entraves matérielles »

Observatoire de l’islamisation, août 2013