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Des auteurs djihadistes disponibles à la bibliothèque de la mosquée UOIF d’Hérouville-St-Clair (Caen)

capture d'écran du 4 janvier 2016.

Capture d’écran du 4 janvier 2016.

La Grande Mosquée d’Hérouville Saint-Clair, du réseau UOIF, a été inaugurée en 2012 par la député socialiste Laurence Dumont et le maire Modem Rodolphe Thomas (video) de la ville, qui a cédé le terrain. Elle est la plus grande de Normandie. Depuis, les vocations djihadistes se multiplient dans la ville.

Ouest-France informait le 29 décembre 2015: « Le djihadiste bas-normand proche d’Al-Quaïda tué en Syrie a été identifié : il s’agit de Reda Layachi, qui a grandi à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen. »

Dans la seule ville d’Hérouville-Saint-Clair, début décembre, deux jeunes adultes ont été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste. Un mineur a également été condamné pour menace de mort et apologie publique d’un acte de terrorisme sur Twitter.

« Hérouville Saint-Clair, c’est comme Lunel, il y a phénomène de contagion que l’on n’arrive pas à cerner », estime Nathalie Goulet présidente de la commission d’enquête de la lutte contre les réseaux djihadistes.

C’est l’Association Islamique et Culturelle du Calvados qui gère le lieu, et son site internet rend compte de ses nombreuses activités. Une école maternelle est intégrée au projet, ainsi qu’une école islamique pour enfants (fillettes voilées dès 6 ans). Pour les plus grands, une « formation en sciences islamiques » permet à l’issu d’un cursus de 2 ans d’obtenir un « certificat d’étude islamique ».

Tout cela ne relèverait que du communautarisme si en plus, la bibliothèque telle que présentée par l’association sur son site officiel (copie d’écran) ne proposait pas les principaux théoriciens de l’islam politique et djihadiste contemporains comme Abu Bakr al Jazairi dont nous avons retranscrit de large extraits de son livre belliqueux La Voie du Musulman, les livres de Yussuf Al-Qaradawî pour qui la Shoa fut un châtiment divin et qui recommande de tuer les apostats. Aussi, le fondateur du parti islamiste pakistanais Jamaat islamiya, Abu Ala Mawdûdi, décédé en 1979, figure à leurs côtés dans la présentation des livres de la bibliothèque.

 Mawdûdi écrivit : « L’islam souhaite détruire tous les Etats et gouvernements de la surface de la terre qui sont opposés au programme et à l’idéologie de l’Islam ». Sa conception de l’Islam a beaucoup influencé les Frères Musulmans, il l’a couché par écrit dans son livre phare Vers une compréhension du Coran : « La vérité est que l’islam n’est pas pareil qu’une ‘religion’, pas plus que les musulmans sont une nation. En réalité l’islam est une idéologie révolutionnaire et un programme qui cherche à changer l’ordre social du monde entier et le reconstruire en conformité avec ses propres principes et idéaux. ’Musulman’ est le nom d’un parti révolutionnaire international organisé par l’islam pour mener à bien son programme révolutionnaire. Et le ‘Jihâd’ se réfère à la lutte révolutionnaire et à un effort extrême pour amener le Parti islamique à réaliser ses objectifs »

Mawdûdi insiste pour proposer aux peuples du monde entier la soumission à l’ordre islamique ou la guerre :

« Le Parti musulman va inévitablement étendre son invitation aux citoyens des autres pays à embrasser qui promet la vraie salvation et leur bien être. Même si le Parti musulman commande de recourir aux mesures adéquates pour éliminer les gouvernements non-musulmans et établir un pouvoir islamique à leur place »

Mawdûdi se réfère aux lettres du prophète Mahomet qu’il envoya aux empereurs byzantins et perses d’alors, Héraclius et Chrosoes, à qui était proposé l’alternative :

« Plus tard, le Prophète (que la paix d’Allah soit avec lui) envoya ses invitations aux Etats limitrophes à accepter la foi et l’idéologie de l’islam. Alors que les élites de ces pays déclinèrent cette invitation à adopter la vraie foi, le Prophète se résolu à les attaquer militairement »

Il cite ensuite l’exemple du premier calife Abu Bakr qui « lança l’invasion de Rome [Byzance], et de l’Iran, qui étaient dirigés par des gouvernements non islamiques ». L’Egypte, la Syrie, Byzance, et la Perse résistèrent jusqu’à ce que, ajoute Mawdûdi, ils réalisent que les musulmans « vinrent pour implanter l’institution d’un système juste ».

Mawdûdi précise que « Le Jihâd islamique est à la fois offensif et défensif en même temps. Il est offensif car le Parti musulman attaque les règles d’une idéologie opposée et défensif car le Parti musulman est contraint de capter la puissance étatique afin d’établir les principes de l’islam dans l’espace-temps ».

Aujourd’hui, le parti fondé par Mawdûdi, la Jamaa’ islamiya, existe toujours au Pakistan, et remporte de large succès dans les urnes, notamment en 2002. Un de ses membres cacha chez lui l’architecte des attentats du onze septembre, Khaled Sheick Mohammed, et un leader du parti, Sabiha Shahid, hébergea lui deux autres membres d’Al-Qaida en janvier 2003. Et pour cause, la Jamaa’ islamiya n’a jamais condamné les agissements de cette organisation.

Aussi, on trouve sur le site de la mosquée d’Hérouville la retranscription d’un prêche sur le rôle de police que doivent exercer les croyants car « Quiconque constate un fait blâmable doit intervenir pour le corriger par la main, s’il n’est pas capable qu’il le fasse par la langue, s’il n’en est pas capable qu’il le désapprouve dans son for intérieur, c’est là le degré le plus faible de la foi. » Lire le prêche intégral.

Enfin, le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Bannâ est souvent cité en référence, ce qui n’est pas étonnant car la mosquée fait partie de la fédération de l’UOIF, branche française des Frères Musulmans.

Observatoire de l’islamisation- 4 janvier 2016.