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18 avril 2016 | France

Les Enseignements de langue et de culture d’origine (ELCO): la machine à ne pas assimiler

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Marion Duvauchel, Professeur de lettres et de philosophie, nous communique son papier sur ce dispositif d l’Education Nationale :

« Dans une très grande discrétion et dans l’indifférence générale – en particulier de la part des associations de parents d’élèves » on a mis en place un nouveau dispositif dans nos lycées et collège de France: ce sont les enseignements de langue et de culture d’origine, on dit ELCO. Ils concernent 9 Pays, listés par ordre alphabétique. Et ils ont pour objectif, « entre autres ( ?) de valoriser les langues étrangères à l’école ». Examinons la manière dont cet objectif va se mettre en place.

Quels sont les pays concernés ? Quatre pays musulmans : l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie. Trois pays méditerranéens, qui jusqu’à jour, sauf erreur de ma part, n’ont posé aucun problème d’intégration : l’Espagne, l’Italie, le Portugal et deux pays d’Europe de l’Est, la Croatie et la Serbie.

Ces enseignements « sont mis en œuvre sur la base d’accords bilatéraux prenant appui sur une directive européenne du 25 juillet 1977 visant à la scolarisation des enfants des travailleurs migrants ». Depuis près de quarante ans, il existe une directive européenne que jamais personne n’a jugé bon de mettre en œuvre jusqu’à aujourd’hui.

Car nul ne l’ignore puisque nul n’est tenu d’ignorer la loi européenne : « les pays membres sont tenus de promouvoir un enseignement de la langue maternelle et de la culture du pays ».

De quels pays parle t-on ? Des enfants des pays européens qui viennent en France ? Il est clair que ce ne sont pas les enfants d’Espagnols, de Portugais ou de Croates qui relèvent de ces dispositifs, mais les migrants de pays musulmans.

Quelle langue parle ces migrants ?

Les Turcs parlent le turc, les Marocains le dialecte arabe du Maroc, les Algériens les dialectes arabes de l’Algérie, (les Berbères parlent l’amazigh). En Tunisie la situation est à peu près identique. S’il s’agit d’accueil des migrants, puisqu’il s’agit en réalité de cela, que fait-on des Afghans (il y a plus de quarante langues en Afghanistan), des Soudanais, des Libyens. Que fait-on des Syriens ?

On a détruit la culture classique représentée par le latin et le grec, nos germanistes sont invités à se recycler, le russe est à peine représenté. L’espagnol, le portugais, l’italien comptent parmi les langues « romanes ». Où voit-on un enseignement lié à cette « romanité ? ». Il y a de cela plus de cinquante ans, Gaston Paris, remarquable médiéviste a essayé de le mettre en place : en vain.

En guise de développement des langues, on a surtout assuré la promotion de l’anglais, mis quasiment sur le même plan que la langue maternelle, le français (pour la plupart d’entre nous encore). Et aujourd’hui, nous devrions assurer la promotion de la langue maternelle de tous les peuples qui ont décidé que l’Europe décidément était tenu de leur fournir gite, assurance maladie, accueil indéfectible et de surcroît un enseignement de leur propre langue et de leur propre culture ? En ce cas, pourquoi ne pas rester chez eux.

On l’a compris, il s’agit d’un habillage pour envelopper le véritable objectif.

Car le plus joli, c’est bien sûr le public concerné : « Aujourd’hui, ce sont des enfants qui ne sont pas locuteurs natifs de la langue concernée et s’intègrent progressivement dans l’offre d’enseignement linguistique ».

S’ils ne sont pas natifs de l’espagnol pourquoi donc leur apprendre l’espagnol dans ce cadre linguistique ?

Voici la suite : « Les enseignements de langue et de culture d’origine concernent principalement le premier degré. Ils sont organisés, dans la mesure du possible, dans les écoles, les établissements où une demande des familles existe. Ils sont ouverts à tout enfant dont la famille souhaite l’inscription, dans la limite des places disponibles ».

Attention : « Un programme commun de langue arabe a été élaboré pour les trois pays du Maghreb ».

Soit. Où se trouve ce programme commun de langue arabe élaboré pour les trois pays du Maghreb ? Tous les enseignants, proviseurs, recteurs de toutes les académies devraient exiger d’en avoir connaissance. Car, quelle « langue arabe » va t-on enseigner en effet ? L’arabe classique ? A quelles fins ? Il n’est utile que pour lire la littérature arabe qui n’intéresse pas plus que Molière ou Marguerite Yourcenar n’intéresse dans notre culture.

Mais le mieux est encore à venir : « Une évolution est actuellement engagée pour permettre une transformation des cours d’ELCO en cours de langue vivante étrangère dispensés aux élèves sur le temps scolaire. Cette évolution permettra de valoriser, par une plus-value pédagogique, l’apprentissage des

langues concernées, tout en s’inscrivant pleinement dans le cadre d’une politique linguistique cohérente et diversifiée mise en oeuvre dans les cartes académiques des langues ».

Sur le temps scolaire, on va donc organiser, pour les enfants de migrants, quasiment des cours particuliers dans leur propre langue. Ouverts ensuite aux enfants de France…

La France a t-elle vocation à enseigner aux enfants de migrants leur culture d’origine ? A quel titre ? Avec quels bienfaits ? Nous le savons, la culture arabe ne se dissocie pas de la religion musulmane. On a mis en place dans nos écoles un dispositif d’arabisation et d’islamisation des enfants maghrébins, destiné à s’ouvrir aux enfants français.

Où voit-on une protestation venu des associations diverses : « sauver les lettres », les APE ? Où voit-on que nos courageux évêques de France se sont mobilisés auprès des directions diocésaines pour refuser ce dispositif ?

Où voit-on place de la République à Paris, place Stanislas à Nancy, place de la Liberté à Toulon, et dans toutes les places de France, des parents et des enseignants mobilisés pour que ce dispositif soit annulé ?

Où voit-on des enseignants dans les rues pour protester énergiquement, ou enfin faire grève pour des motifs sérieux ? Par exemple que les technocrates européens incultes cessent de contribuer à faire de nos écoles des mouroirs d’intelligence, des fabriques de crétins, mais bientôt, de solides musulmans.

Où voit-on les contribuables exiger que soit retiré un dispositif inutile, coûteux et néfaste?

Où voit-on enfin nos lucides hommes politiques proposer un assainissement de notre système éducatif et dénoncer la destruction programmée de nos paradigmes culturels?

Où voit-on la presse faire son travail : informer les Français de ce qui se prépare dans leurs lycées et collèges dans un avenir prochain ?

Car réfléchissez. Par qui seront donnés ces cours ?

Ah, mais c’est précisé : « par des enseignants des pays concernés mis à disposition par leurs gouvernements respectifs ou recrutés localement par les autorités consulaires ».

Il n’est pas difficile d’imaginer la suite : des enseignants de langue arabe mis à disposition par la Turquie, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, payés par la France, pour enseigner la « culture arabe ».

Et, dernier détail : combien ?

Nota bene : pour vérifier l’existence de ce dispositif, allez sur Eduscol, il apparaît sur l’écran. S’il n’apparaît plus dans deux jours, c’est qu’il aura été supprimé délibérément. »

Pour compléter, cet extrait d’un article du Figaro sur les ELCO :

« Selon le HCI, ces cours sont désormais le cheval de Troie du communautarisme: «Susceptibles de renforcer les références communautaires, les ELCO peuvent conduire au communautarisme, écrivent les auteurs du rapport, Certains interlocuteurs craignent même que les ELCO deviennent des catéchismes islamiques». L’arabe et le turc, enseignés à des enfants issus de la 3ème ou 4ème génération d’immigrés, sont moins des moyens de garder un lien culturel que les vecteurs d’un repli identitaire, voire d’une réislamisation. Les guides des enseignants sont pointés du doigt, notamment un ouvrage conçu par le ministère de l’Éducation turc. «Ainsi le chapitre V de cet ouvrage intitulé «Foi, islam et morale» insiste sur l’importance de croire en Allah, un des principes de la foi, et sur la nécessaire acquisition par les élèves d’une bonne connaissance de la vie du prophète Mahomet dont l’importance doit être mise en valeur», écrivent les auteurs.

Pour Guylain Chevrier, ex-membre du HCI, les ELCO sont un anachronisme qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. «Autrefois, dans le cadre d’une immigration temporaire, ces ELCO pouvaient se justifier, aujourd’hui dans le cadre d’une immigration sédentarisée, dans un contexte de ghettoïsation et de repli communautaire, l’objectif prioritaire ne devrait plus être le maintien du contact avec le pays d’origine, mais bien l’intégration».