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24 septembre 2016 | Actualités, Dossier Halal, France

Une épizootie de fièvre ovine (FCO) directement liée à l’Aïd-el-Kebir : des scientifiques alertent

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Le DR Jean-Louis Thillier est consultant scientifique européen, expert en
sécurité sanitaire. Il a été directeur du laboratoire de recherche de
physiopathologie digestive du service de médecine interne et d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Tours.

Dans une interview à Agriculture et Environnement n°149 de juillet-aout 2016, le Dr Thillier alerte sur la résurgence de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine en France. Longtemps considérée comme une maladie circonscrite au pourtour méditerranéen, elle arrive chez nous et pourrait se transmettre à l’homme.

Depuis juin 2010, aucun cas de FCO n’avait été détecté en France continentale. Or, de façon inattendue, un cas de FCO sérotype 8 a été confirmé le 11 septembre 2015 dans un élevage mixte bovin-ovin de l’Allier, à l’origine du départ d’une deuxième vague de FCO. Comment expliquez-vous cette deuxième vague ?

Jean-Louis Thiller : Cette deuxième vague trouve très clairement son origine dans des animaux contaminés et importés pour les grandes cérémonies de l’Aïd-el-Kebir, qui ont eu lieu autour du 24 septembre 2015.

Le ministère de l’Agriculture connaissait bien les risques d’une réémergence à l’occasion de cette fête musulmane. Deux mois avant l’Aïd, le 27 juillet 2015, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et le Service des actions sanitaires en production primaire avaient adressé une instruction technique aux destinataires d’exécution –c’est-à-dire les DRAAF (Directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), les DDTM (Directions départementales des territoires de la mer) et les DDCSPP (Directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations)–, dans laquelle ils avertissaient que «le risque de diffusion de la FCO [était] élevé en Europe». (…) Ces ovins proviennent souvent de races qui se rapprochent le plus de celles qu’on trouve traditionnellement en Afrique du Nord (par exemple la race Turkan). Ils sont achetés dans les pays à risque avant l’Aïd pour être engraissés afin d’obtenir une viande blanchie. Pendant cette période d’importation importante de moutons de zones réglementées à risque, il est notoire que des circuits plus ou moins respectueux des règles sanitaires sont utilisés. Le ministère de l’Agriculture était d’autant plus conscient du risque de réémergence à l’occasion de la fête de l’Aïd- el-Kebir qu’il savait parfaitement que les réglementations ne sont pas appliquées, voire déjouées. » Lire l’intégralité de l’interview dans Agriculture et Environnement

Le docteur vétérinaire Alain de Peretti de Vigilance Halal précise :

« Le virus pour l’instant épargne l’être humain, mais on sait maintenant qu’il franchit la barrière d’espèces en provoquant des signes cliniques et mortels sur les carnivores et les rongeurs, et que les éleveurs ayant eu la maladie dans leur troupeau présentent des anticorps, ce qui prouve un début de multiplication virale. Il suffirait de l’introduction d’une autre souche de virus FCO (actuellement c’est la souche BTV 8) et qu’une recombinaison se produise pour qu’une nouvelle souche aux caractéristiques nouvelles apparaisse, contagieuse pour l’être humain. Et quand on sait que la FCO est de la famille des fièvres hémorragiques comme Ebola, il y a de quoi être inquiet. » Source