Khassanbeck Tourchaev, Tchétchène naturalisé Français en 2008, a été condamné ce samedi à Paris par la cour d’assises spéciale à 10 ans de prison. L’homme, fils d’un ancien ministre tchétchène, encourait pourtant 30 ans de réclusion criminelle, relate Le Parisien. Lors de l’audience qui s’est tenue vendredi soir, l’Avocat général a reconnu la difficulté pour les enquêteurs d’établir les faits concernant cet accusé, interpellé en 2015 en Moldavie.
Agé de 49 ans, polygame convaincu et père de plusieurs enfants, il avait quitté la France pour rallier la Syrie où il était resté deux ou trois mois entre 2013 et 2014. Le prévenu a reconnu avoir séjourné en Syrie à cette période mais seulement trois mois et « pas pour faire la guerre », uniquement pour rechercher ses frères partis faire le jihâd. À l’accusation d’avoir participé aux combats, il a répondu « Je n’ai pas combattu, je me suis défendu ». Il a simplement avoué avoir effectué des patrouilles, surveillé des otages et participé à une bataille près d’Alep, le 11 juin 2014.
Mais la justice française l’a condamné pour des motifs solides. Des fichiers audio découverts au cours des investigations démontrent l’inverse de ce qu’il raconte. En effet, en avril 2015, le sniper aurait incité son frère « à voler tout ce qu’il peut, (…) tout casser, mettre le feu car c’est tout ce que ces ordures de Français méritent« . Khassanbeck Tourchaev explique que ces propos ont été dits sous le coup d’une « dépression ». Des centaines de vidéos de décapitation, d’entraînements de snipers et des manuels « tactiques d’assaut » ont été retrouvées dans son téléphone. « Il s’agissait de dissuader (ses) enfants de se livrer à de telles exactions », s’est-il justifié. Pour lui, cette affaire relève d’un « complot ourdi par les services secrets russes avec la complicité béate de la justice française ».
Au sujet de sa rencontre avec Abou Bakr al-Baghdadi-quand même !- il assure qu’il était en danger et qu’il ne partage pas les options idéologiques du calife aujourd’hui décédé. Selon un arrêt de la chambre de l’instruction de Paris, il aurait dirigé pendant plusieurs mois un « groupe de combats », été « formateur expert en explosif » et spécialiste du maniement des fusils de précision.
Il est aussi accusé d’avoir été « émir » d’un groupe djihadiste, au sein de l’Emirat du Caucase qui fait partie du Front islamique soutenu par l’Arabie Séoudite. Il reconnaît avoir été « émir » juste pour deux semaines pour remplacer un émir mort au front et seulement parce qu’il était le plus âgé du groupe. Pour dépanner quoi…
Se qualifiant de salafiste, il a déclaré lors de son procès que le sujet syrien pour lui était « clos » et qu’il était aujourd’hui « sur la voie d’Allah ».
Toujours est-il que malgré les éléments accablants contre lui, la peine de dix ans associée d’une peine de surêté des deux tiers ne paraît pas à la mesure de la dangerosité du terroriste, dont rien n’indique qu’il se convertira en militant pacifiste dans dix ans, et qui peut voir sa peine aménagée à partir de la septième année.