Ivry-sur-Seine, commune de 60 000 habitants limitrophe de Paris, devrait disposer d’une grande mosquée d’ici à 2022. Le collectif de musulmans d’Ivry Annour et la municipalité communiste du Val de Marne ont signé le protocole d’accord sur le foncier que la ville cédera pour la construction de la future mosquée à la mi-décembre. Jusqu’à présent, l’association Annour prie dans un local plus modeste et organise de nombreuses activités sous la houlette de l’imâm médiatique Mohamed Bajrafil. Ce dernier dans la biographie de son site internet dit avoir été influencé par les Frères Musulmans Safwat Hijazy et Al Qaradawi, ses « références ».
La nouvelle mosquée sera édifiée sur la zone commerciale près de la Seine sur une surface de 4.500 m² pour un coût de 6 millions d’euros. Le collectif dispose déjà de 2,3 millions d’euros récoltés depuis cinq ans et mise encore sur une promesse de dons de 700.000 euros. La capacité sera de 5.000 adeptes et un minaret de 20 m marquera la présence de cette communauté liée à des prédicateurs fréristes.
En effet, les imâms animant les conférences, cours et prières sont la plupart issus de la mouvance de la confrérie islamiste.
Abdallah Ben Mansour, membre fondateur de l’UOIF, est venu donner une conférence le 20 mai 2019. Ce Frère Musulman tunisien affirma au congrès 2013 de l’UOIF « Quand les musulmans auront mis en place la charia partout dans le monde, tout le monde sera heureux ».
Le 24 octobre dernier, c’était le prédicateur salafiste marocain Zine El Abidine Balafrej qui fut invité. Le sociologue marocain Hicham Houdeifa l’a présenté sur le média Al Fanar : « Balafrej est une star de la mouvance salafiste au Maroc, avec sa propre chaîne YouTube, sa page Facebook et son site Web. Il enseigne et prêche dans les mosquées, publie des livres et publie des fatwas. Ses conférences sont suivies non seulement par des étudiants, mais par des adeptes et des fans.
Il a défendu le niqab (couvrant tout le visage) et a déclaré que la tradition marocaine appelle les femmes à ne montrer qu’«un seul œil» et qu’une «munaqqaba respectable (femme voilée) ne peut pas entrer dans un café où il y a des hommes ou s’asseoir avec des femmes dévoilées». Si elle le fait, elle est «une menteuse» et peut-être «une prostituée». »
Youssef Achmaoui, un des imâms de la mosquée, participe aux rassemblements des Frères Musulmans en tant que conférencier comme à Nantes en 2014.
Un message vidéo de soutien au projet de mosquée par Walid Abdel Maksoud, diplômé en de l’Institut Européen de Sciences Humaines (IESH) de Paris -l’école de charia des Frères Musulmans en France- est relayé par le compte Facebook de la mosquée. Dans une vidéo de prédication consacrée au djihad dans l’analyse d’une sourate , Maksoud parle de « 3 choses qui sont un fondement de la foi et de la pratique du musulman » dont la troisième, « faire le djihâd, ce troisième pilier n’est pas anodin car Allah le cite une quinzaine de fois dans le Coran ». Évidemment, le djihâd est présenté comme un combat contre la tyrannie et l’injustice, reste que la définition de l’injustice pour les Frères Musulmans leur permet de brandir ce concept dès que leurs projets sont entravés par des gouvernements fermes qui savent les contenir.