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19 juin 2019 | Actualités

Philippe à l’Assemblée Nationale : de faibles annonces pour le volet islamisme


Le 12 juin 2019, le Premier ministre a prononcé devant l’Assemblée nationale sa déclaration de politique générale, qui détaille l’acte II du quinquennat et la nouvelle méthode du Gouvernement.

Sur la question de l’islam radical, les annonces ont été décevantes :

« Garder le contrôle, c’est poursuivre l’expulsion systématique des ressortissants étrangers en situation irrégulière qui figurent au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Nous en avons expulsé plus de 300 au cours des dix-huit derniers mois. »

Le Premier ministre ne parle là que des étrangers clandestins. Les étrangers inscrits au FSPRT avec titre de séjour en règle peuvent donc encore se maintenir sur le territoire ? Pourtant, le dernier chiffre communiqué de 3400 étrangers aux FSPRT (septembre 2018) montre que le chiffre de 300 expulsions est largement en dessous de l’enjeu. Sans même parler des islamistes étrangers non-inscrits dans ce fichier, qui doivent être aussi nombreux à en juger par les terroristes non fichés ayant opéré ces derniers mois. Ainsi, à Lyon, l’étudiant algérien ayant blessé plusieurs passants dans la rue fin mai avec une bombe n’était pas inscrit à quelconque fichier. De même que l’individu ayant tenté d’attaquer des militaires dans la même ville le 16 juin. On imagine donc l’ampleur du vivier d’islamistes non répertoriés dans nos villes.

L’espace Schengen est un vrai terrain de jeu pour les prédicateurs islamistes. Ainsi, Mohamed Tougani, imâm de Molenbeek (mosquée Al Khalil) en Belgique qui se fit remarquer pour appeler à tuer les sionistes[1]a pu effectuer une tournée des mosquées françaises en février 2018 (Rosny-sous-Bois, Meaux, Bussy-St-Georges, Vauréal, Sannois…) en toute liberté. Et ce n’est qu’un exemple du laissez-aller du ministère de l’Intérieur. Plus récemment, Béchir Ben Hassen, suspendu de son poste d’imâm en Tunisie depuis 2015 après avoir appelé à tuer les chiites[2], est définitivement installé en France où il participe à des congrès (mosquée de Vigneux-sur-Seine, 9 juin 2019) et vient de fonder un « centre culturel » à Noisy-le-Grand, où il enseigne la jurisprudence islamique. De manière déclarée et à grand renfort de promotion sur Facebook.

Parmi ces annonces, en demi-teinte donc, une mesure positive vient toutefois renforcer le renseignement intérieur :

« Garder le contrôle, c’est poursuivre les efforts de recrutement dans le renseignement : il y en aura 1 900 d’ici la fin du quinquennat. »

 Edouard Philippe de poursuivre :

« Ensuite de réformer l’organisation du culte musulman. Des assises territoriales de l’islam de France ont eu lieu l’été dernier. Un large consensus s’est dégagé en faveur d’une structuration départementale. Il est important que des suites soient données à ces attentes.

Enfin, l’islam de France doit recruter et former des imams en France, qui parlent le français. Et mettre fin de manière progressive au système où beaucoup d’imams ou psalmodieurs sont choisis et rémunérés par des Etats étrangers.

S’il faut des dispositions législatives pour garantir le respect de l’ordre public et renforcer la transparence du financement des cultes, en particulier quand ce financement est étranger, le Gouvernement vous les proposera, sans remettre en cause la loi de 1905 ni le libre exercice des cultes. »

Sur l’organisation départementale, nous verrons qui en seront les acteurs, mais la rupture du jeûne en Alsace par Edouard Philippe avec l’ex UOIF Abdelhaq Nabaoui en parlant d’un CRCM d’Alsace « exemplaire », laisse entrevoir que Philippe poursuivra la méthode Cazeneuve avec des instances de dialogues départementales souvent noyautées par les Frères. Le député local de La République en Marche, Bruno Studer, réclame lui l’enseignement de l’islam à l’égal des religions chrétiennes et juives reconnues dans le concordat[3].

Concernant la transparence des fonds étrangers, rien de nouveau, ils pourront continuer à provenir des pays du Golfe sans discrimination. La seule condition est de déclarer les transferts. On aurait aimé une interdiction de financement par des pays salafistes ou fréristes, mais Emmanuel Macron avait déjà laissé entendre que l’Arabie Saoudite pourra continuer à arroser l’islam de France (interview avec Jean-Pierre Pernaut en avril 2018).

Sur la formation des imâms, les Frères Musulmans de l’Institut européen des sciences humaines (IESH), nom de l’école de charia de l’UOIF, gère deux instituts sur les cinq qui forment des imâms en France. Pas question de fermer ces pépinières à Frères musulmans.

Quant à la fin annoncée des psalmodieurs et imâms étrangers rémunérés par leurs pays respectifs, c’est un serpent de mer que tous les ministres de l’Intérieur promettent depuis vingt-ans. Mais la réalité de l’islam en France étant celle de l’islam des consulats, avec des réseaux bien établis comme la Mosquée de Paris gérant 700 lieux de cultes affiliés à l’Algérie, ou l’UMF gérant les grandes mosquées marocaines, il est dans la pratique diplomatiquement trop périlleux de demander le renvoi de ces fonctionnaires de l’islam, sans mécontenter Alger ou Rabat. Même les imâms les plus extrémistes du Maroc, comme Amine Nejdi qui explique qu’il faut tuer les couples coupables d’adultère, peut garder son poste de président du Conseil Régional du Culte Musulman en Lorraine. Autre imâm marocain extrémiste toléré[4], Mohamed Khattabi, imâm de Montpellier (mosquée Aicha) pourtant expulsé du Canada. Ses multiples dérapages sur son soutien aux moudjahidines, son souhait de voir les musulmans gouverner la France avec un Coran pour constitution ne remettent nullement en cause le renouvellement de ses titres de séjour chez nous. N’est-il pas proche du maire de Montpellier Philippe Saurel, un des premiers poids lourds provinciaux à avoir soutenu Emmanuel Macron ? On doute fortement que le président cherchant à tout prix à bien se faire voir des diasporas maghrébines, jusqu’ à critiquer durement l’histoire coloniale de la France, optera pour la fermeté.

[1]https://plus.lesoir.be/199717/article/2019-01-09/limam-qui-appelait-tuer-les-juifs-star-des-mosquees-bruxelloises

[2]« Je le dis haut et fort. Haut et fort. Les chiites n’ont rien à faire en Tunisie. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour les affronter, car nous sommes fondamentalement convaincus que la menace qu’ils représentent pour l’islam et les musulmans est supérieure à celle posée par les juifs et des chrétiens. Nous les attendons de pied ferme, avec tous les moyens à notre disposition. » Béchir Ben Hassen en décembre 2014. En 2017-2018, il suivit les cours de l’IESH en France.

[3]https://www.rue89strasbourg.com/bruno-studer-favorable-a-une-integration-de-lenseignement-de-la-religion-musulmane-a-lecole-122373

[4]https://www.islamisation.fr//2016/04/13/condamne-pour-fraudes-a-la-caf-limam-etranger-radical-khattabi-de-montpellier-restera-en-france/